L’adaptation d’une précédente loi sur les débits de boisson[1] interdit désormais de se retrouver à l’extérieur des bars sur la rue de l’école de Médecine avec en sa possession un verre, ou sous condition d’occuper l’une des rares places assises des terrasses. C’est ce que nous pouvions lire le 28 août dernier sur la page Facebook de l’Eléphant dans la Cannette, l’un des bars les plus fréquentés de cette célèbre rue. Plus d’un an après la loi de fermeture à minuit, c’est une nouvelle absurdité qui met en péril le monde de la nuit genevoise.
En théorie, l’application d’une telle loi semble facile à appliquer. Mais en théorie seulement, car sur place, c’est l’anarchie : les clients, pour la plupart déjà bien éméchés, ne comprennent pas pourquoi ils se retrouvent privés de leur liberté de circuler avec un verre à la main à l’extérieur tandis que les gérants peinent à leur en expliquer la raison. L’un des désagréments de cette loi prend la forme d’un surcroit de travail pour les tenanciers de ces bars: il leur faut plusieurs tentatives et de constants aller – retour entre les clients pour convaincre ceux-ci de se débarrasser de leur verre ou de se déplacer vers l’intérieur. Pour Yohann, de l’Eléphant dans la Cannette, cette loi est tout simplement « ridicule ». « Nous ne pouvons rien faire, nous ne pouvons pas nous plaindre auprès des autorités sous peine d’encourir de grosses amendes. La seule solution est de demander l’aide de la population. C’est à elle de décider si oui ou non elle a le droit de circuler librement. Pour contrer cette situation, nous comptons sur l’appui de tout le monde, des étudiants surtout. Cet appui peut prendre la forme, entre autres, de pétitions signées. Il est très important de comprendre que nous encadrons correctement les consommateurs dans les bars, mais pas dans la rue, ceci étant que, dans la rue, aucune loi n’interdit la consommation de toute forme de boisson.» Il faut rappeler également que l’Eléphant dans la cannette est la seule à avoir conservé son autorisation d’ouverture de bar au-delà de minuit grâce à un système qui leur a permis une gestion efficace du bruit à l’extérieur des bars[2].
Un autre désagrément concerne l’aspect environnemental. En effet, en dehors de la baisse constante du nombre de clients, c’est la plaine de Plainpalais qui en fait la première les frais en qualité d’espace public situé en face de la Rue. Elle est prise d’assaut par plusieurs consommateurs qui ont compris qu’elle ne faisait pas partie de la zone interdite. Il en résulte forcément des dépravations dues à une fréquentation non encadrée de ce lieu. Enfin, comme l’une des consommatrices le fait justement remarquer : » cette loi est dangereuse en ceci que les clients, pour y échapper, vont prendre leur boisson à ces bars puis viennent sur la Plaine sans forcément faire attention à la circulation : les risques d’accidents augmentent de manière exponentielle. Cette loi est juste débile.
Affaire à suivre.
Ariane Mawaffo
[1] Loi sur la restauration, les débits de boissons, l’hébergement et le divertissement visant à limiter le bruit dans la rue de l’Ecole de Médecine
[2] TDG, « Le bar l’Eléphant sauve ses nuits, le patron livre sa recette ».
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