Permettez-moi de saisir l’occasion qui m’est offerte d’exprimer mon désarroi, ma tristesse et ma consternation face à un phénomène tellement ancré dans notre routine quotidienne que nous ne nous en rendons plus compte : l’esprit mercantile de Noël. À pratiquement plusieurs semaines avant les festivités marquant les fêtes de fin d’années, déjà sont exposés, le plus ostentatoirement possible, des éléments qui rappellent ce vaste manège annuel. Je veux parler des traditionnelles pubs à la télé, des sapins aux carrefours, des guirlandes suspendues dans les magasins, des ridicules mélopées assourdissantes et j’en passe.
Plus moyen de mettre un pied dans une grande surface sans être immédiatement envahi – enfin visuellement parlant – par des fanfreluches à vous donner la migraine ; les unes vantées par le rabais extraordinaire et le profit effectué « pour deux boules de noël, une troisième vous est offerte », les autres entreposés ici et là, l’air de rien, au tournant du rayon « ménage » entre le rayon « poubelle » et celui « déchets », bref là où vous vous y attendez le moins.
Dans un univers, marqué par… bref vous connaissez la suite de la phrase vu qu’elle est sans cesse rabâché…enfin… marqué par l’actuelle crise économique (et mes détracteurs de dire « mais nous sommes en Suisse, il n’y a pas la crise en Suisse »[1]), je trouve anormal et immoral de jouer ainsi des tours au consommateur moyen. Celui qui se bat nuit et jour pour ramener un repas chaud et des vêtements à ses enfants (et mes détracteurs de dire : « t’es pas à gauche toi ? »). C’est en soi une tâche déjà ardue à accomplir au quotidien. Elle est quasi infaisable lorsqu’il s’agit de faire ses calculs au centime prêt quand on est interrompue toutes les 30 secondes par un gamin qui réclame- à juste titre- le dernier playmobil (sans piles fournis). Les supers-champions du marketing et de l’univers de consommation ont-ils vraiment interrogé leur client pour savoir s’ils désiraient ou non la super- promotion « it’s christmas time ! » qui leur permettrait 20-. Chf d’économie pour 200.- de dépense ? Alors qu’ils étaient simplement venus acheter du pain ? Ces pièges servent plus à créer une « promo- dépendance », une folie de l’achat nuisible tant pour la santé mentale que pour le porte-monnaie.
Certains vont alléguer que ce n’est qu’à la fin du mois d’octobre qu’ils peuvent s’acquitter de leur devoir familial annuel, lequel consiste à se ruiner en breloques qui n’auront d’utilité que le jour même « ouah c’est beau ! Merci ! Je cherchais justement une montre rose fluo à paillette pour … – (poubelle)». Puis le grand repas de noël, durant lequel, hypocritement, on se bourrera la panse en chantant des louanges du cousin dont on vient de cracher dans le verre. Je dis ça, je ne dis rien. Vive les films Walt Disney et le père Noël acrobate !
Pourquoi Noël ? Faisons le test, posons la question à ces petits enfants auxquels nous laissons pareil héritage. Que celui qui vous réponde quelque chose en rapport avec la véritable raison (ne comptez pas sur moi pour vous la dire) offre un cadeau, gratuit celui-là, à cet enfant : une belle accolade suivi d’un bon baiser bien chaud et. Il l’aura mérité.
[1] Le problème c’est que la crise ici aussi existe bien (même si on en entend pas trop parler les riches s’enrichissent, les bas revenus, quant à eux ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, étranglés entre l’assurance maladie, les loyers de fous, les impôts, etc,),
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