II-6 : Tropiques[1]
(Lire la suite dans l’intégralité du dossier« Le rôle des revues dans la définition de la littérature afro-caribéenne des années 1930 » ici)
À son retour en Martinique, Aimé Césaire, avec l’aide de sa femme Suzanne et de Réné Ménil, fonde une revue : Tropiques. L’essentiel du contexte de création de la revue nous est fourni par l’entretien d’Aimé Césaire avec Jacqueline Leiner[2], disponible en ouverture de la collection complète de Tropiques. Créée en 1941 la revue a pour objectif, selon Aimé Césaire, de remplir le « vide culturel » qu’il ressent aux Antilles. Le support s’impose comme le média idéal pour Aimé Césaire du fait de son expérience avec L’Etudiant Noir, mais également parce qu’il lui fallait « un centre de réflexion, un bureau de pensée. » Tropiques dénonce surtout le colonialisme et l’aliénation culturelle et a pour objectif d’obliger les intellectuels martiniquais à se défaire du classicisme français. La rencontre entre Aimé Césaire et André Breton en Martinique en 1941 fait que le journal prend une tournure résolument surréaliste, dès son numéro 3. Si la revue a une vocation culturelle à sa création, la politique finit par prendre une place de plus en plus importante. L’influence des intellectuels afro-américains se font moins ressentir même Aimé Cesaire et Réné Ménil apportent dans leur bagage l’expérience acquise auprès d’intellectuels noirs américains tels que Langston Hughes et Counteen Cullen. Il est difficile pour Césaire de maintenir la revue active faute de moyens financiers mais c’est surtout la censure du régime de Vichy représenté par l’Amiral Robert, qui va accélérer la fin de Tropiques : en 1943, la revue est interdite de publication car jugée subversive.
[1] Tropiques, Tome I, n° 1 à 5, avril 1941 à avril 1942, Paris, ed. Jean-Michel Place, 1978.
[2] Entretien avec Jacqueline Leiner in Tropiques, op.cit.